Face à une pénurie de compétences, les entreprises gagneraient à fidéliser, assure le professeur en management Jérôme Barthélemy.
L’expression « guerre du talent » connait un grand succès dans le monde de l’entreprise. On l’utilise actuellement pour décrire les difficultés des entreprises à recruter, engager, motiver et conserver ses collaborateurs. Alors que la crise du Covid-19 touche à sa fin, la « guerre du talent » est sur toutes les lèvres.
Quatre leviers pour fidéliser
Après avoir gelé les recrutements, de nombreuses entreprises doivent à la fois renforcer leurs effectifs et dissuader leurs collaborateurs de rejoindre la concurrence. Comment attirer et fidéliser les talents ? Plusieurs leviers peuvent être actionnés :
– La rémunération : alors qu’une période d’inflation se profile, les entreprises seront sans doute contraintes d’augmenter les salaires ;
– Les conditions de travail. De plus en plus de salariés souhaitent un mode de travail hybride qui alterne le présentiel et le distanciel ;
– Le modèle de management . La plupart des salariés ont besoin d’autonomie. Le modèle « command and control » est totalement passé de mode ;
– Le sens : les salariés ont de plus en plus besoin de comprendre pourquoi ils travaillent.
Une étude menée, il y a quelques années, par Hamid Bouchikhi, un professeur de l’Essec Business School et deux collègues américains, a identifié un autre moyen de gagner la « guerre du talent ». Les chercheurs ont commencé par demander à plusieurs centaines de managers (travaillant dans des entreprises, des secteurs d’activité et des pays différents) s’ils avaient l’intention de quitter leur entreprise. Ils ont également mesuré leur niveau d’engagement.
Résultat contre-intuitif : accroitre l’employabilité fidélise
Après avoir pris en compte des éléments tels que la taille de l’entreprise, l’ancienneté et le niveau hiérarchique des managers, ils ont observé un phénomène surprenant : plus une entreprise leur donne les moyens d’accroître leur employabilité, plus ils sont engagés et moins ils sont susceptibles de la quitter.
Ce résultat est totalement contre-intuitif. Plus un salarié est « employable », plus il a logiquement d’opportunités de quitter son entreprise… et de rejoindre un concurrent !
Comme l’ont bien résumé les chercheurs : « Si vous voulez retenir vos talents, préparez-les à partir. » Pour retenir ses meilleurs « talents », il faut donc accroître leur employabilité. Et le meilleur moyen d’y parvenir est de leur permettre de se développer tout au long de leur carrière. C’est le fameux concept du « lifelong learning » !