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La capacitĂ© Ă prendre des dĂ©cisions en environnement complexe est lâune des dix compĂ©tences les plus importantes en 2022 selon le Forum Ă©conomique.
Je dinais samedi dernier avec mon plus « vieil » ami. Un ami de plus de trente ans. Entrepreneur Ă la tĂȘte dâune TPE fondĂ©e autour de lâan 2000, de belle taille : son CA a cru de 25 Ă 38 mdâ⏠lâan passĂ©.
Nous parlions de nos enjeux professionnels respectifs, et de maniĂšre Ă©vidente jâĂ©voque toujours les enjeux managĂ©riaux et lâintelligence Ă©motionnelle comme conditions dâune performance durable.
Peu versĂ© pour ce quâil considĂšre comme de la « bienveillance gentillette » alors quâil est pourtant un bel exemple de dirigeant Ă©motionnellement intelligent, mon ami me suggĂšre dâĂ©crire plutĂŽt sur la prise de dĂ©cision en contexte incertain.
« Câest ça qui doit intĂ©resser tes clients en ce moment ».
Je reprends du poil de la bĂȘte, voici un sujet passionnant, dâautant quâon passera forcĂ©ment par âŠ. Lâintelligence Ă©motionnelle.

DĂ©cider en environnement complexe est lâune des compĂ©tences clĂ©s du dirigeant et du manager de demain.
Intervenant dans le monde des peintures industrielles techniques et haut de gamme, cet entrepreneur, appelons-le Michel est trĂšs dĂ©pendant du cours des matiĂšres premiĂšres et du prix du conteneur. Et pourtant, malgrĂ© ce contexte hautement tendu, Michel a remarquablement rĂ©ussi lâannĂ©e 2021.
Vraiment remarquablement, sans perdre en marge ce quâil gagnait en CA.
Damned ! Mais comment ? Je lâai Ă©videmment questionnĂ©.
Dans les faits, il a pris dĂ©but 2021 une dĂ©cision cruciale⊠Et rapide. Il a choisi de stocker massivement les Ă©lĂ©ments de peinture qui lui sont essentiels dans un marchĂ© pourtant extrĂȘmement prudent et inquiet (crise de lâautomobile, de lâaĂ©rien).
Rappelez-vous du contexte dĂ©but 2021âŠcontexte sanitaire trĂšs tendu, confinement.
Pour prendre cette dĂ©cision qui peut sonner comme un pari, Il sâest posĂ© quelques questions. Parmi lesquelles :
â De quoi auront besoin mes clients quand lâactivitĂ© va reprendre ?
â Sur quelle(s) base(s) vont-ils prendre leurs dĂ©cisions dâachat et pourquoi ?
Des produits peu chers, ou des produits disponibles ? Car disponibles et pas chers quand le conteneur passe de 1900$ Ă 12 000$, sans compter la matiĂšre, câĂ©tait peu probable. Il a ainsi estimĂ© que la clĂ© serait la disponibilitĂ© du produit, quel que soit son coĂ»t. Pour relancer les productions, la matiĂšre est essentielle. Les retards de production Ă©tant dĂ©jĂ trĂšs importants.
Il a donc acheté et stocké. Il a décidé sur des bases objectives, en se concentrant sur le besoin et le comportement potentiel de ses clients, en fonction de ses ressources.
Rationnel, pragmatique etâŠĂ©motionnel.
Pourquoi Ă©motionnel ? Parce que cet ami a cherchĂ© Ă identifier ce qui se passerait pour ses clients. En essayant de comprendre les motivations dâachat, dans un contexte Ă©motionnel probable, il a choisi de parier sur un besoin de sĂ©curitĂ©.
Pour pallier une Ă©motion essentielle : la peur. La peur de manquer. La peur de ne pas pouvoir fournir lâusine en matiĂšres premiĂšres.
đĂ©đđąđđđ« đâđđŹđ đđ đąđ« đȘđźđđ§đ đšđ§ đ§đ đŹđđąđ đ©đđŹ, đšđź đȘđźđđ§đ đšđ§ đ§đ đŹđđąđ đ©đđŹ đđšđźđ.
Les crises nous plongent dans lâincertitude, et force est de constater quâelles sâenchainent.
Les sentiments qui en rĂ©sultent :  la perte de contrĂŽle, ĂȘtre submergĂ© par le stress et plus en mesure de prendre des « dĂ©cisions Ă©clairĂ©es ».

Ces derniÚres crises : sanitaire, guerre en Ukraine évoquent un monde que nous devons nous résoudre à considérer comme « VUCA ».
Cet acronyme, inventĂ© par lâUS Army, dĂ©signe un monde qui est devenu volatile, complexe, incertain et ambigu.
En occident, nous portons depuis longtemps le culte de la dĂ©cision rationnelle, cartĂ©sienne, basĂ©e sur des Ă©lĂ©ments objectifs, un raisonnement mathĂ©matique et logique. Avoir un dirigeant « froid » rationnel, câest lâassurance dâavoir des dĂ©cisions efficaces. Ce mythe du dĂ©cideur rationnel et sans Ă©motion a pris un sĂ©rieux coup.
Dâune part, la raison seule est en Ă©chec dans un monde VUCA. Attendre, dâavoir toutes les informations pour prendre LA bonne dĂ©cision est difficile voire illusoire.
Dâautre part, les dĂ©fis de la dĂ©cision ne sont pas uniquement liĂ©s Ă la situation elle-mĂȘme. Les neurosciences cognitives et comportementales ont largement dĂ©montrĂ© que nous ne sommes pas des esprits seulement de raison. Nos biais cognitifs et Ă©motionnels influencent fortement nos dĂ©cisions.
Aussi pour dĂ©cider dans un monde incertain, sans se laisser submerger par ses Ă©motions, deux voies sâouvrent Ă nous :
đ Conserver son discernement
D.Kahneman (SystĂšme 1, SystĂšme 2), nous a montrĂ© que mĂȘme lorsque nous pensons ĂȘtre 100% rationnels, nous sommes surtout pilotĂ©s par nos intuitions. Vous nây croyez pas ? Exemple :
Dans un magasin de sport devant une offre promotionnelle vous proposant une raquette et une balle pour un euro et dix centimes. Sachant que la raquette vaut un euro de plus que la balle, combien vaut la balle ? Vous avez répondu 10 centimes ?
Non ? bravo !
Oui ? Câest une erreur classique de jugement que rĂ©alise la majoritĂ© des personnes.
Pour ĂȘtre transparente, moi qui suis matheuse pourtant, jâai rĂ©pondu 10cts la premiĂšre fois. Puis, amusĂ©e, jâai posĂ© lâĂ©quation.
PlutĂŽt que de traiter lâensemble des informations nĂ©cessaires pour prendre une dĂ©cision dite rationnelle, nous nous focalisons sur un nombre limitĂ© de donnĂ©es, le plus souvent issues du contexte et connues. Câest plus « confortable » pour notre cerveau, mais cette sĂ©lection nous amĂšne Ă prendre de mauvaises dĂ©cisions.
Alors comment faire ?
đ Sortir de notre mode « automatique » en faisant abstraction des Ă©lĂ©ments de contexte qui nous sont familiers (et que notre cerveau aime beaucoup puisquâil ne fait pas dâeffort).
Chacun peut adopter des grilles simples pour analyser la situation. En voici une que je devrais utiliser plus souventâŠelle permet dâouvrir le champ de la rĂ©flexion. Avant de prendre une dĂ©cision, voici deux questions Ă se poser, enfin quatre.
Cette décision est-elle bonne pour moi, « mon client », « mon entreprise », ou mauvaise.
Cette décision est-elle vraie pour moi, « mon entreprise »⊠Ou fausse.
Vrai et faux Ă©tant des donnĂ©es relatives, il sâagit de fixer le cadre de rĂ©fĂ©rence qui convient au contexte. Ainsi 2+2 nâa pas le mĂȘme rĂ©sultat dans un systĂšme dĂ©cimalâŠou binaire. Essayez, vous verrez, lâexercice est exigeant.
đ Tenir compte de nos Ă©motions : sans se laisser submerger ou entrainer.
Contrairement Ă ce que la pensĂ©e cartĂ©sienne nous a enseignĂ©, Ă©motions et dĂ©cisions rationnelles sont biologiquement indissociables. LâĂ©quipe dâAntonio Damasio a dĂ©montrĂ© que la prise de dĂ©cision est un mĂ©canisme neurobiologique dans lequel lâĂ©motion joue un rĂŽle dĂ©terminant.
En plus de son esprit mathématique et logique, Michel a une capacité remarquable à gérer ses émotions, comprendre celles des autres et interagir.
Lire sur ce thĂšme : « lâerreur de Descartes : la raison des Ă©motions ».

Ainsi, pour prendre une décision en étant lucide sur les émotions en jeu :
â Ralentissez, posez-vous, pour Ă©couter vos pensĂ©es et Ă©motions. Prenez le temps de les reconnaĂźtre. Accepter de dire « je suis en colĂšre » ou « je suis stressĂ© », câest dĂ©jĂ prendre du recul.
â Ăvaluez vos Ă©motions avec bienveillance (et sans complaisance). Au regard des enjeux, de la situation, lâĂ©motion que vous ressentez est-elle adaptĂ©e ? Et quel besoin dĂ©voile-t-elle ?
â Choisissez clairement ce Ă quoi vous allez prĂȘter votre attention et les informations qui vont nourrir votre dĂ©cision.
đ Ouvrir le champ des possibles en recourant Ă lâintelligence collective
LĂ encore, lâintelligence Ă©motionnelle joue un rĂŽle fondamental.
Pour se soustraire Ă la tentation de la solution unique qui sâimpose Ă nous, enfin surtout aux autres⊠le dirigeant Ă©motionnellement intelligent cherchera Ă communiquer avec ses pairs, son Ă©quipe de maniĂšre Ă©motionnellement adĂ©quate.
Son objectif ? HomogĂ©nĂ©iser les Ă©tats Ă©motionnels individuels des membres de lâĂ©quipe.
Lâintelligence collective fonctionne dâautant mieux que les personnes engagĂ©es dans lâĂ©change partagent un « sens commun » de lâaction (partager lâessentiel avant lâimportant et lâurgent). Les prĂ©requis sont la confiance et le respect mutuel des personnes qui sâengagent volontairement dans lâĂ©change. Lâun des outils phares que peut utiliser le dirigeant est le CODEV. Ou atelier de Co-dĂ©veloppement.

Venu du Canada, Le Co-dĂ©veloppement (Codev) est une mĂ©thode Ă©prouvĂ©e dâaccompagnement, de travail collaboratif et de rĂ©solution de problĂ©matiques professionnelles, de projet, dâaccompagnement, de dĂ©finition de stratĂ©gie.
Le Codev est une mĂ©thode structurĂ©e et prĂ©cise, fondĂ©e sur les principes de lâintelligence collective, de lâentraide, du partage dâexpĂ©riences et du partage de mĂ©thodes.
Il permet dâavancer ensemble sur une problĂ©matique, de chercher Ă agir mieux grĂące Ă lâexpĂ©rience des participants.
A la fin dâun programme de Codev, la problĂ©matique de chaque participant (ou du groupe) a Ă©voluĂ©, progressĂ©, sâest enrichie, voire rĂ©solue.
Tous les dirigeants qui expĂ©rimentent lâintelligence Ă©motionnelle et collective y gagnent.